Asana et Prana II

L’énergie en question ,

revue française de yoga, éd. Dervy, FNEY, par François Roux:

On sait que le substantif hatha – qui indique l’entêtement, l’obstination – a également reçu une étymologie symbolique, où la syllabe ha désigne la polarité positive/solaire (yang) et tha la polarité négative/lunaire (yin).
Le hatha yoga est ici vu comme un rééquilibrage des polarités énergétiques comparable à celui de l’acupuncture.

Aux quatre vingt quatre postures de base, véritables pièges à énergie dont le rôle est de capter cette dernière, de l’orienter et de la distribuer dans toutes les zones corporelles selon leurs besoins, les traités techniques du yoga ajoutent d’autres moyens, nettoyant, renforçant protégeant les circuits énergétiques, comme les shatkarman, six actions purificatrices qui sont destinées à éliminer les résidus et les toxines, pour rétablir l’équilibre des humeurs. Notons que nombre de ces pratiques, assez contraignantes ne sont pas nécessaires si l’on est en bonne santé et que l’on pratique régulièrement les exercices du hatha yoga. Les bandha, liens ou ligatures au nombre de cinq, sont quant à eux, des contractions musculaires, accompagnant certaines postures et respirations, dont elles amplifient puissamment les effets énergétiques, tout en protégeant les zones voisines de leurs contrecoups. les mudrâ, enfin, sont des sceaux ou immobilisations des courants d’énergie subtile. Gestes symboliques et parfois magiques, elles relèvent du domaine physique autant que du domaine spirituel. La Gheranda Samhitâ en décrit vingt cinq principales.

Impossible de conclure sur l’aspect énergétique de la posture sans citer la très célèbre définition qu’en donne Patanjali, au deuxième chapitre des yoga-sûtra :  » La posture est fermeté et bien être (Y.S.II,46). Bi-polarité à l’état pur,  on le voit puisque la définition se réduit à deux termes sanskrits : sthira et sukha. Sthira signifie ferme, solide, stable et dérive d’une racine-verbe STHA  » se tenir debout », très fréquente dans de nombreux mots indo-européens ( statique, stabilité) ou des noms de pays Afghanistan, Pakistan.
Quant à sukha, qui signifie joie, bonheur, il est lui même composé du préfixe su qui veut dire bon, bien et du substantif kha qui désigne un vide, un espace, un creux, un moyeu. Sukha est donc l’espace où l’on se sent bien, le bien/être.