Asana et Prana III
Une quête initiatique du souffle par Françoix Roux
En abordant le prâna, nous entrons dans le domaine de l’énergie subtile. Prâna, c’est pour l’Inde la grande respiration – PRA indiquant la priorité et l’intensité, AN signifiant respirer.
Le yoga est, pour une part essentielle, science et art du prâna : pranâyama.
Ce terme est généralement traduit par contrôle de la respiration, ce qui n’est que partiellement juste.
Prâna bien sur c’est la respiration: ce que le yoga désigne, sans aucune nuance péjorative par « souffle grossier » sthula vayu; mais c’est aussi et surtout le « souffle subtil » sukshma vâyu, l’énergie vitale proprement dite. Quant au mot ayâma, il indique l’extension, l’allongement, la retenue, l’arrêt. Le pranayâma est donc, à proprement parler, manière d’allonger et retenir le souffle, afin d’étendre et accroitre l’énergie vitale. C’est une authentique quête initiatique du souffle, de tous les souffles vitaux. vâyu sâdhâna, comme le dit superbement la Shiva Samhitâ.
L’extraordinaire gamme des effets psychosomatiques des exercices de prânayâma trouve ici sa source, sinon son explication car ce domaine reste largement mystérieux pour la science moderne. De là l’usage très subtil qu’en fait le yoga – et à sa suite nombre de pratiques spirituelles – pour traverser la barrière du mental et accéder aux états de conscience non-mentaux. « Celui qui a enchaîné le souffle, dit la Hatha Yoga Pradîpîkâ, a du même coup enchaîné le mental. Et celui qui a enchaîné le mental a du même coup enchaîné le souffle ».