Mudra, conscience de l’espace

 

Inspiré par les danses tibétaines monastiques auxquelles il avait été formé Mudra conscience de l’espace est une méthode de transformation du corps et de l’esprit développée par Chögyam Trungpa au début des années 70, pour ses étudiants occidentaux.

Présentée initialement comme un training pour les acteurs elle peut être pratiquée pour approfondir toute discipline méditative. C’est aussi l’essence du théâtre contemplatif qui fût enseigné par Lee Worley à l’université Naropa (usa).

Cette pratique combine des exercices et postures qui intensifient la conscience du corps à d’autres qui éveillent les sens, afin de nous libérer et créer un changement radical dans notre compréhension et relation à l’espace, notre façon de communiquer, de nous relier…
Simples mais exigeantes ces techniques nous aident à couper l’esprit conceptuel pour accéder à une expérience directe et une conscience plus profonde et plus large.

Les postures que nous appelons intensifications et qui impliquent une intensité musculaire et toutes les activités exploratoires de Mudra coupent à travers l’ego et l’esprit discursif, stabilisant l’expérience de chacun dans le moment présent.

Par des gestes intérieurs- des actions subtiles la pratique nous amène à une authenticité basée sur une confiance qui ne dépend pas des circonstances extérieures. Nous apprenons à devenir intrépides et entiers quelque soit les circonstances stressantes ou non…
A travers des jeux qui nous entraînent à être flexibles face aux changements de situation, des mouvements, des postures, exercices vocaux, le son nous engageons tout notre être.

Mudra est accessible à tous et se pratique toujours en groupe

Mudra est une pratique intense du corps et de l’esprit qui peut nous aider à répondre à des moments intenses de notre vie et revenir à un sens fondamental d’être.

Il s’agit d’une discipline adaptée à cette période de chaos, de peur et d’absence de repères où nous nous sentons parfois bien tendus et impuissants.
Se battre, s’enfuir, se figer, ignorer sont-ils les seuls choix que nous ayons?! Mudra conscience de l’espace est une pratique qui coupe court à la lourdeur de cette tension et abattement qui nous guette et libère la fraîcheur d’un engagement total, de la clarté et de la confiance.
Mudra repousse la désensibilisation, la léthargie que créent nos angoisses ou nos modes de vie et maintient un espace ouvert qui nous permet d’accéder à la clarté mentale.
Comment rester éveillé lorsque les choses sont si intenses que tout ce que l’on veut faire c’est s’échapper ? Les différentes dimensions de Mudra nous aident à tenir l’espace avec des gestes puissants afin de pouvoir rester présents en ces temps d’incertitude.

Mudra conscience de l’espace peut être considéré comme un outil qui permet d’établir une continuité entre la méditation formelle et la vie quotidienne mais est accessible à quiconque souhaite découvrir ce que signifie synchroniser corps et esprit.

Mudra offre un aperçu expérimental de la perception non duelle:

«Le cycle d’exercices incarne son génie créatif (C Trungpa) en rendant les enseignements du vajrayana (non duels) accessibles et pénétrants. Cette pratique permet d’accéder aux qualités du Dzogchen et du Mahamudra qui dissolvent les distinctions entre les aspects profanes et sacrés de notre expérience. Il commence par le commencement : comment être dans l’espace- et nous emmène pas à pas à : comment se tenir debout, marcher, se relier aux choses et interagir avec les gens. Tellement simple et révélateur…» John Rockwell

Extrait de  » Né au Tibet » par Chögyam Trungpa

« …l’un de mes objectifs principaux était de développer une culture bouddhiste qui transcende les caractéristiques culturelles des différentes nationalités. L’un des premiers pas dans cette direction  consista en la création du groupe théâtral Mudra. Ce groupe mis sur pieds une remarquable rencontre théâtrale à Boulder, début 1973, réunissant mes étudiants et divers groupes du théâtre expérimental, tel que l’Open theater, le Byrd-Offmann et le Provisionnal Theater. Parmi les différents échanges et manifestations, mon style et mon intransigeance personnels eurent des effets à la fois positifs et négatifs; de toute manière tous les participants furent dynamisés. A l’issue de cette rencontre je présentais à notre groupe théâtral Mudra la notion de l’entrainement du corps de la parole  et de l’esprit plutôt que de les encourager à s’embarquer immédiatement dans des représentations conventionnelles. J’introduisis une série d’exercices fondés sur les danses monastiques tibétaines et sur les arts martiaux orientaux, focalisés sur les principes de centre et d’espace, leur intensification mutuelle et leur diffusion… »