Être attentif, être conscient
« Si la pratique de la pleine conscience paraît simple, elle n’est pas nécessairement facile.
Elle exige beaucoup d’efforts et de discipline parce que les forces qui nous empêchent de » faire attention », c’est à dire nos habitudes et nos réactions automatiques, sont extrêmement tenaces. Ces habitudes sont si fortes et tellement ancrées en nous qu’il faut un engagement certain et un travail régulier pour atteindre et soutenir cet état de pleine conscience.
Mais ce travail est satisfaisant car il nous dévoile de nombreux aspects de nos vies que nous perdons de vue habituellement.
Ce travail est également révélateur car il nous permet littéralement de voir avec plus d’acuité des domaines de notre existence que nous préférons ignorer. Cela peut mettre en lumière des émotions profondément enfouies – tristesse, douleur, amour propre blessé, colère, peur- sentiments d’habitudes refoulées dans notre inconscient.
La pleine conscience nous aide par ailleurs à goûter des sentiments de joie ou de paix qui passent souvent inaperçus. Ce travail nous confère aussi un certain pouvoir, car il donne accès à des ressources de créativité, d’intelligence, de clarté, dont nous ne soupçonnons pas l’existence. Nous sommes peu conscients du fait que nous pensons tout le temps; le flux de pensées incessantes qui traverse notre esprit nous laisse peu de temps pour une plage de calme intérieur. Nous avons bien peu de temps pour nous, pour arrêter un instant cet agitation perpétuelle. Nos actes quotidiens sont le plus souvent propulsés par des pensées et des pulsions ordinaires qui envahissent notre cerveau comme un torrent submergeant nos vies.
Cela nous entraîne parfois en des lieux que nous ne souhaitons pas visiter.
Par la méditation, nous apprenons à échapper à ce courant, à nous asseoir sur le bord du torrent, à l’écouter, à apprendre ce qu’il a à nous dire et ensuite à canaliser les énergies pour nous guider, au lieu de nous faire violence. Ce processus ne se fait pas comme par magie, cela demande de l’énergie. Nous nommons l’effort de cultiver notre concentration dans le moment présent la pratique de la méditation. »
Jon Kabat Zinn